BARDEAUX D’ASPHALTE : L’ÂGE NE DIT PAS TOUT !
Une toiture en bardeaux d’asphalte d’à peine 5 ans peut montrer d’inquiétants signes de vieillissement, alors qu’une autre aura encore fière allure rendue à 15 ans. Comment expliquer cette différence ?
« Les bardeaux ont été remplacés il y a huit ans. Ils sont encore bons pour plusieurs années. » Vraiment ? Peu importe ce que déclare le vendeur ou son courtier, la toiture doit être examinée de près. Son âge n’est pas un bon critère pour statuer sur son état.
Il existe plusieurs signes évidents de détérioration d’une toiture de bardeaux d’asphalte : réparations artisanales à grands coups de scellant, granulats manquants et bardeaux fendus, brisés ou aux extrémités retroussées. L’inspecteur préachat les constatera idéalement en montant sur le toit, sinon à l’aide de jumelles.
Si vous n’en êtes qu’au stade de choisir une maison sur laquelle présenter une offre, vous pouvez jeter un coup d’œil aux bardeaux du versant sud. « C’est lui qui est le plus exposé au soleil, où les bardeaux risquent de « friser » le plus vite et nous révéler des problématiques », affirme le couvreur Sylvain Blanchard.
« Si les bardeaux retroussent un peu et qu’ils perdent un peu de granulat, cela peut refléter un vieillissement normal. S’il ne s’agit pas du résultat d’un problème avec les autres composantes du toit, on pourra changer la toiture dans deux ou trois ans. »
— Mario Rochefort, expert spécialisé en toitures
Lorsqu’une toiture démontre des signes d’usure, l’inspecteur préachat recommande à son client d’obtenir l’avis de couvreurs avant que la transaction ne soit conclue. Les couvreurs en profiteront pour présenter une soumission, la plus compétitive possible.
Changer une toiture de bardeaux d’asphalte peut ne coûter que 7000 $. À ce prix, soyez assuré que s’il y a eu détérioration prématurée de la toiture en raison d’une déficience de ventilation ou d’isolation, le problème ne sera pas réglé.
Mario Rochefort est l’un des rares experts en toiture au Québec à donner son avis sans être couvreur. Il montera sur le toit constater l’usure des bardeaux et l’état des scellants autour de la cheminée, des évents de plomberie et des ventilateurs statiques. Ensuite, l’essentiel de son enquête se poursuivra à l’intérieur.
« C’est dans les combles que tout se passe, affirme Mario Rochefort. C’est là que les composantes vont faire la différence entre une toiture qui durera longtemps et une autre qui aura des problèmes d’usure prématurée. »
Sous le matériau isolant qui recouvre le plafond, une pellicule pare-vapeur continue doit empêcher l’humidité de la maison de migrer vers les combles. Ceux-ci doivent être bien ventilés, afin que la température au-dessus de l’isolant n’atteigne jamais un écart de plus de cinq degrés avec celle de l’extérieur. L’hiver, la chaleur de la maison ne doit pas parvenir à faire fondre la neige sur le toit. L’été, un comble mal ventilé surchauffera, ce qui provoquera la déformation des bardeaux.
C’est aussi dans les combles qu’on constatera les problèmes d’infiltration d’eau et de pourriture du pontage, ainsi que des anomalies comme des bouches de ventilation ou des évents de plomberie qui n’aboutissent pas à l’extérieur.
Ces problèmes repérés dans les combles peuvent se refléter à l’extérieur par une toiture de 10 ans qui affiche tellement d’usure qu’elle a l’air d’en avoir 20, illustre Mario Rochefort. Appelé en expertise, il trouvera le problème et proposera la solution dans un devis technique auquel les couvreurs devront répondre. Les soumissions seront ainsi plus faciles à comparer.
DEUX ÉPAISSEURS DE BARDEAUX ?
Pour simplifier la réfection de leur toiture, certains propriétaires ont simplement rajouté une épaisseur de bardeaux, sans retirer la plus ancienne. Pas une bonne idée. « Cela représente une charge supplémentaire sur le toit et vous devrez payer plus cher pour enlever les deux épaisseurs », prévient le couvreur Sylvain Blanchard. Emprisonnés, les vieux bardeaux retiennent l’humidité et pourrissent au point de s’émietter lorsqu’on les retire. Cette humidité peut détériorer le pontage du toit.