(Québec) Cris d’enfants. Talons qui claquent sur la céramique. Déplacement de meubles. La vie quotidienne apporte son lot de bruits, surtout quand on vit en cohabitation. Vous songez à mieux insonoriser votre condo? Attention, il y a de nombreux pièges à éviter pour réussir votre projet.
Des chicanes liées au bruit qui dégénèrent en litiges, des rénovations qui doivent être défaites parce qu’elles sont non conformes : le conférencier Vincent Moreau en a vu de toutes les couleurs. Des histoires souvent coûteuses et qui laissent un goût amer aux personnes touchées. «L’acoustique est une science qui est très complexe et, malheureusement, qui est mal réglementée en Amérique du Nord. On s’y perd très facilement», explique M. Moreau, vice-président d’Acousti-Tech, une division de l’entreprise Finitec, spécialisée dans les accessoires et solutions pour planchers.
En général, les copropriétaires sont obligés d’aviser leur syndicat s’ils font des rénovations qui touchent l’insonorisation. Les syndicats fixent des normes, bien qu’elles doivent au minimum respecter celles qui sont dictées par le code du bâtiment (lire le texte). Certains syndicats vont simplement quantifier la performance acoustique, qui devra ensuite être validée par un acousticien après les travaux. Malheureusement, trop souvent, les résultats ne sont pas au rendez-vous en raison d’une mauvaise sélection de produits. Le copropriétaire doit alors recommencer les travaux, avec la frustration et les coûts que ça entraîne.
«C’est un peu hasardeux de laisser chacun des copropriétaires faire ses propres choix», estime M. Moreau. Le marketing et le manque de réglementation dans ce secteur rendent le choix ardu pour les consommateurs, qui se retrouvent souvent à comparer des pommes avec des oranges.
En effet, les méthodes d’essais diffèrent (labo ou chantier), tout comme les structures et matériaux qui servent pour les tests.
Le rendement peut ainsi être difficile à reproduire chez soi. Les tests en laboratoire génèrent invariablement des données plus élevées puisqu’ils sont effectués dans des conditions contrôlées. Les résultats en chantier sont souvent aussi teintés par le choix d’un lieu particulièrement performant, ce qui peut aussi fausser les données.
Le rendement réel d’une laine insonorisante, d’une membrane ou d’un plafond acoustique pourrait donc être bien en-deçà de celui qui était promis par le manufacturier, fait valoir M. Moreau. Une mauvaise installation faussera aussi le résultat, note François Gariépy, ingénieur acousticien, pour l’entreprise Soft dB.
D’ailleurs, souvent les gens n’ont que peu d’information sur la structure et les matériaux de leur condo, alors que ce sont des données primordiables pour choisir la bonne option. «Il doit y avoir 90 à 95 % des gens qui ne prennent pas ça en compte. C’est comme magasiner des pneus. Si on ne sait pas si on veut chausser une Mercedes sport ou un camion F-150, on ne pourra pas conseiller le meilleur pneu», illustre M. Moreau.
Le diable est dans les détails
D’ailleurs, en acoustique, le diable est dans les détails. Y a-t-il de la laine insonorisante, combien de feuilles de gypse, de quelle épaisseur est la dalle de béton? énumère M. Moreau. Il faut connaître toutes ces réponses.
De plus, même si c’est le copropriétaire qui paie la membrane acoustique qu’il fait installer sous son plancher, c’est son voisin d’en dessous qui va en bénéficier, pas lui. Les gens ont donc tendance à prendre le produit le moins cher qui offre le rendement théorique exigé par la copropriété.
Une des façons d’éviter ces désagréments consiste à faire les démarches collectivement, remarquent MM. Moreau et Gariépy. Les syndicats de copropriété peuvent ainsi faire analyser les besoins des résidents et les spécificités du bâtiment. Les coûts des tests effectués par un acousticien seront ainsi divisés entre les copropriétaires. Ensuite, il sera facile de recommander des produits spécifiques qui répondent aux normes et tiennent compte des caractéristiques du bâtiment.
Acousti-Tech a fait des centaines de tests en laboratoire, précise M. Moreau, ce qui a permis de monter une base de données qui tient compte des différents matériaux utilisés et de la structure de l’édifice. L’entreprise affirme donc être capable de bien aiguiller les consommateurs, sachant ce qui «a bien ou moins bien performé» dans des conditions similaires aux leurs.
www.acousti-tech.com
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Pour vivre en condo, il faut accepter une certaine cohabitation. Il se peut que vous entendiez parfois les enfants d’en haut ou la voisine marcher en talons hauts, même si l’insonorisation est adéquate.
Shutterstock, Ronald Summers
Qualifier et quantifier les bruits
Bruits d’impact
Ils ont pour origine un choc ou une vibration : déplacement de personnes ou de meubles, chute d’objets. Ils sont transmis par la mise en vibration de la structure et des parois du bâtiment (murs et planchers). Ils sont les plus complexes à mesurer et à atténuer.
L’IIC (Impact Insulation Class) est l’indice de mesure qui sert à comparer les valeurs acoustiques d’un assemblage dans un bâtiment (planchers ou murs). C’est le coefficient de transmission des bruits d’impact. Cette valeur peut être donnée en IIC, si les tests acoustiques ont été faits en laboratoire, ou en FIIC, si les essais ont été réalisés en chantier.
Le Code du bâtiment et la SCHL recommandent un FIIC de 55 dB, sans toutefois l’exiger.
Bruits aériens
Les bruits aériens intérieurs proviennent de la radio, des voix, de la télévision. Ils sont transmis par la vibration des structures ou par des ouvertures dans les parois et dans le bâtiment.
Le STC (Sound Transmission Class) ou l’indice de transmission du son (ITS) est l’indice de mesure qui sert à comparer les valeurs acoustiques d’un assemblage dans un bâtiment. Dans l’industrie, ces valeurs sont données sous deux formes : STC (tests en labo) ou FSTC (essais en chantier).
Le Code du bâtiment exige un minimum de 50 dB pour le FSTC. La SCHL recommande un seuil minimal de 55 dB. Pour les nouvelles constructions, Vincent Moreau, d’Acousti-Tech, indique que des seuils de 60-62 sont visés pour les deux mesures (FIIC et FSTC).
Source : Démystifier l’acoustique du bâtiment, rédigé par Acousti-Tech
Avant d’acheter un condo, ne négligez pas les questions reliées à l’insonorisation puisque corriger un vice peut parfois être très complexe.
Photothèque Le Soleil
Insonorisation des condos: poser les bonnes questions avant d’acheter
Vous pensez acheter un condo? Voici quelques questions à poser sur l’insonorisation pour éviter d’avoir l’impression de vivre en colocation avec vos voisins!
Structure et matériaux
Demandez au syndicat de copropriété ou au promoteur les détails sur la structure du bâtiment, la composition des murs et du plancher.
La vigilance est de mise, même pour des matériaux reconnus comme ayant de bonnes propriétés insonorisantes. Le béton, par exemple, est excellent pour atténuer les bruits aériens, comme la voix. «Par contre, on n’a pas nécessairement une bonne insonorisation pour les bruits d’impact [comme des pas], parce que le son se propage rapidement», explique Vincent Moreau, vice-président chez Acousti-Tech.
Un plancher de bois franc sera moins efficace qu’un plancher de bois flottant, puisqu’il est directement cloué sur la structure, facilitant ainsi la propagation du bruit à l’édifice, indique François Gariépy, ingénieur acousticien chez Soft dB.
Des chiffres, svp!
Attention au marketing : bien des promoteurs annoncent une insonorisation de qualité supérieure. Ils doivent le prouver avec des données, précise M. Gariépy. Vous pouvez demander d’inscrire le seuil promis au contrat de vente.
Dans le cas d’un condo existant, vérifiez si des tests ont déjà été faits par des acousticiens. Exigez les résultats chiffrés s’il y a lieu, continue-t-il.
Faute de données existantes, vous pourriez même engager un acousticien pour faire vos tests avant l’achat, quoique très peu de gens le fassent.
Ne négligez pas les questions sur l’insonorisation, car les modifications peuvent être coûteuses. «Ce n’est pas nécessairement facile de corriger un condo qui a un vice. Il faut tout le temps défaire les gypses, aller jouer sur la structure», fait valoir M. Gariépy.
Les solutions ne sont pas non plus toujours «instinctives», ajoute-t-il. Il faut analyser au cas par cas. Doubler les panneaux de gypse est souvent une bonne idée, mais ça peut aussi empirer le problème dans certains cas, avance M. Gariépy. Le bruit ne passe pas non plus toujours où l’on pense. Si on s’attaque à la mauvaise cause, on ne pourra pas trouver la solution adéquate, dit-il.
Connaître les normes
Renseignez-vous tout de suite sur les normes acoustiques de la copropriété, surtout si vous pensez rénover. Par exemple, le tapis reste encore ce qui se fait de mieux pour insonoriser, constatent les deux hommes. Par contre, de moins en moins de personnes en veulent dans leur habitation. Les surfaces dures, comme le bois, la céramique ou le marbre, par exemple, sont beaucoup plus recherchées. Avant d’acheter un condo avec du tapis en vous disant que vous allez tout arracher pour mettre un superbe plancher en bois exotique, assurez-vous que vous avez le droit de le faire. Des syndicats de copropriété refusent en raison de l’impact sur l’insonorisation de l’édifice, notent MM. Moreau et Gariépy.
Pas un bunker!
Finalement, demandez-vous si vous êtes prêt à vivre une certaine cohabitation. Ayez en tête que le bruit est aussi une question de perception: certaines personnes sont plus tolérantes que d’autres. Il se peut que vous entendiez parfois votre voisin, même si l’insonorisation est adéquate. «Chacun se doit quand même d’avoir certaines bonnes pratiques de cohabitation. Éviter les talons hauts, ça fait partie des bonnes habitudes qu’on se doit d’avoir», dit M. Moreau. Question de civisme…
Trucs pour des succès acoustiques
- S’assurer que la conception du bâtiment satisfait les principes de conception acoustique reconnus.
- Embaucher un acousticien qui servira de guide tout au long du projet. Fixer des valeurs acoustiques réalistes pour le bâtiment.
- Limiter l’utilisation de la céramique aux cuisines et aux salles de bain.
- Installer des seuils tombants au bas des portes de corridor et des coupes-son.
- Calfeutrer toutes les ouvertures où le son pourrait s’infiltrer, à l’intérieur comme à l’extérieur. Si l’air peut passer, le son aussi!
- Éviter le plus possible de perforer le plafond de gypse avec des luminaires encastrés, qui diminue l’intégrité et l’étanchéité du plafond.
- Ne pas limiter l’utilisation d’une membrane acoustique aux planchers de bois, mais l’utiliser aussi sous la céramique, le marbre ou la pierre naturelle.
- Désolidariser les planchers, les plinthes, les murs, les conduits, etc. Le contact direct entre des matériaux rigides de la structure ou des finis de plancher occasionne le transfert, le transport et même l’amplification des sons et des vibrations. «Il faut donc séparer l’ensemble de nos matériaux pour éviter que cette énergie-là se propage dans notre bâtiment», précise Vincent Moreau. Par exemple, un plancher devrait être déposé sur une membrane acoustique, qui, elle, sera légèrement remontée le long du mur pour éviter tout contact entre le plancher et le mur. Pour les plinthes de bas de mur, on laissera un léger espace (équivalent à une carte de crédit) avec le plancher.
Source : Document Démystifier l’acoustique du bâtiment, rédigé par Acousti-Tech
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