Outre des entrevues mises en ondes sur le 98,5 FM, quelques lignes dans les quotidiens et un reportage sur le canal Argent, la nouvelle semble être passée complètement sous le radar. Pourtant, elle a son importance pour l’industrie du courtage immobilier québécois. La Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ), qui regroupe 14 000 courtiers immobiliers, a déposé, le 2 décembre dernier, une requête afin d’être autorisée à exercer un recours collectif contre DuProprio.
Les raisons alléguées pour ce recours par la FCIQ : publicité trompeuse et concurrence déloyale. L’organisme et ses avocats affirment que DuProprio, une entité appartenant au puissant groupe financier Power Corporation (Gesca), se livre depuis plusieurs années à véhiculer un message trompeur, notamment en ce qui a trait aux économies supposément réalisées sur les transactions sans courtier. De plus, la FICQ affirme dans son argumentation que DuProprio présente les courtiers immobiliers de façon négative, les dénigrant sans retenue, tout en mettant en doute leurs compétences et leur intégrité. Le possible recours collectif n’impliquerait aucun dédommagement monétaire. On exigerait plutôt de DuProprio qu’elle rectifie le tir de sa campagne publicitaire.
Pour les courtiers qui travaillent sur le marché immobilier montréalais, DuProprio y est deux fois moins présente que dans des marchés comme l’Estrie, l’Outaouais et Québec. D’ailleurs, et il s’agit là d’un son de cloche que j’ai entendu à maintes reprises, une bonne proportion des vendeurs faisant appel aux services de la firme affirment qu’une grande majorité des appels qu’ils reçoivent provient de courtiers immobiliers qui s’enquièrent de l’évolution de leur situation de mise en vente et qui, en cas d’insatisfaction du vendeur, offrent leurs services professionnels avec toutes les ressources dont ils disposent, ou encore pour fixer une visite avec un de leurs clients acheteurs.
Certes, parler d’économie de commissions pouvant atteindre 15 000$, voire 30 000$, peut sembler alléchant pour tout vendeur. Néanmoins, être un bon vendeur ou un bon acheteur n’est pas donné à tous. Les acheteurs laissés à eux-mêmes courent de plus grands risques: ne pas poser les bonnes questions, oublier de s’informer sur des points vitaux de la transaction, ajouter les clauses pertinentes au contrat, et j’en passe. Car il faut bien comprendre ici aussi que le vendeur ne possède pas plus d’expérience dans le domaine et il peut donc omettre certains détails qui, dans d’autres cas, seraient des plus pertinents à la conclusion, ou non, de la vente. Dans le cadre d’une transaction aussi importante que la vente d’une propriété, être bien conseillé minimise les risques subséquents de mauvaises surprises et de poursuites juridiques potentielles.
Au cours de ma petite enquête, j’ai eu la chance de discuter avec le chef de la direction de la Chambre immobilière du Grand Montréal (CIGM), Éric Charbonneau. Je me permets de mettre l’emphase sur certains points qui m’apparaissent fondamentaux. Tout d’abord, et je salue cette position, la CIGM ne tente d’aucune façon de limiter les choix des consommateurs. L’organisme voit d’un bon œil une saine concurrence et la perçoit comme une force positive pour l’économie. Toutefois, la CIGM, et c’est également le point débattu par la FCIQ, croit fermement que les consommateurs ne peuvent être victimes d’affirmations gratuites et non fondées, sans chiffres et données à l’appui.
Le marché immobilier est dicté par l’offre et la demande, un principe fondamental qui, au final, aura une incidence directe sur les prix du marché et, de façon plus pointue, sur le prix de vente qui sera accepté par les deux parties. Il est donc impossible d’affirmer qu’on puisse réaliser une économie précise sur les commissions qui seraient payables à un courtier qu’on engagerait.
Vendre une propriété est un acte sérieux. Dans ce contexte, il faut noter que beaucoup d’acheteurs sont frileux à l’idée d’acheter une propriété par eux-mêmes. Ils ont besoin d’être guidés, sécurisés, de disposer d’une information vérifiable et vérifiée, ce qui n’est pas toujours le cas des inscriptions sur DuProprio, qui n’offre pas de service d’accompagnement pour l’acheteur. D’autres seront plus radicaux: pas question pour eux de travailler sans courtier, surtout si l’on considère la gratuité du service pour eux.
Ces deux catégories d’acheteurs constituent un bassin important dont peut se couper un vendeur inscrit sous la bannière DuProprio. Des acheteurs hautement motivés, comme des travailleurs relocalisés d’une autre ville ou d’un autre pays, par exemple, une réalité très présente dans Ville-Marie, voudront acquérir une nouvelle propriété rapidement. Comme ils n’ont pas le temps de s’en charger, ils confieront le mandat à un courtier. Percevant l’importance de ce marché, DuProprio n’hésite pas à recommander à ses clients de travailler avec les courtiers qui représentent les acheteurs.
Mais dans de tels cas, bien souvent, le vendeur aura nécessairement une commission à payer au courtier de l’acheteur, ce qui vient en quelque sorte alimenter l’argumentation de la FICQ en termes de fausse publicité. Qui plus est, une fois la vente conclue, le vendeur pourra afficher « J’ai vendu », sans toutefois avoir à préciser si un courtier est impliqué ou non. En se coupant de ces importants segments d’acheteurs, le vendeur restreint sa visibilité, essentielle à l’obtention du prix le plus élevé pour sa propriété, surtout dans un marché plus concurrentiel que jamais.
Selon mon expérience des 13 dernières années, certains clients, ayant tenté leur chance avec DuProprio, ont affirmé qu’ils avaient finalement opté pour faire affaire avec un courtier, vu l’ampleur de la tâche qu’ils avaient à accomplir. « Gérer les visites et faire les suivis n’est pas de tout repos. Cela demande beaucoup de temps et d’énergie », s’est contenté de dire l’un d’entre eux pour expliquer sa décision.
D’autres ont clairement indiqué que la qualité des acheteurs, entendre ici leur motivation à acheter, était moindre. Mais peu importe les motifs invoqués, il est clair qu’ils ont finalement réalisé l’importance des compétences d’un courtier immobilier, son professionnalisme et les avantages qu’ils peuvent tirer de son réseau. Ceci sans compter la protection dont il bénéficie grâce au fonds d’indemnisation qui couvre toute personne ayant recours aux services d’un courtier ou d’une agence immobilière. De plus, certains courtiers immobiliers offrent à leurs clients, acheteurs ou vendeurs, des programmes d’assurances avec une multitude de protections juridiques supplémentaires.
À ne pas en douter, s’adjoindre les services d’un courtier, tant pour le vendeur que l’acheteur, est gage de succès, de protection et de satisfaction sur toute la ligne. Les points à considérer avant de mettre sa propriété sur le marché vont bien au-delà de la simple économie de commission.
L’IMMOBILIER, UN STYLE DE VIE
Détentrice d’un baccalauréat en Criminologie de l’Université de Montréal, Mélissa a d’abord œuvré dans ce domaine quelques années avant de se joindre au réseau immobilier. Son professionnalisme, sa détermination, son amour du détail, sa franchise et son sourire remarquable séduisent à coup sûr. Passionnée par l’immobilier, Mélissa a développé une excellente connaissance du marché depuis plus de 13 ans.
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