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Armée d’un pied-de-biche et coiffée d’un casque de construction, Marie-Jeanne Rivard s’échine à démolir l’escalier en colimaçon d’un vieux plex montréalais. Son chum et partenaire d’affaires, Julien Laberge, lui offre un coup de main. «Pas question!» réplique la chef de chantier. Bien qu’elle soit une femme dans un univers d’hommes, Marie-Jeanne Rivard, 33 ans, ne cède pas facilement sa place. À force de persévérance, elle décroche l’escalier métallique, qui tombe dans un fracas d’enfer. «J’ai vaincu!» dit-elle avec le sourire.

La scène est tirée de Flip de fille, présentée sur MOI&cie, dont Marie-Jeanne Rivard est la vedette. Dans cette émission de rénovation où, pour une rare fois, la testostérone n’est pas à l’honneur, on la voit métamorphoser un plex en piteux état du sud-ouest de Montréal. Le concept: acheter et rénover un immeuble délabré avec 400 000 dollars, puis le revendre à profit 90 jours plus tard. Un «flip», comme on dit dans le milieu de la rénovation.

L’achat et la vente après travaux, Marie-Jeanne Rivard en a fait sa spécialité. Et le chantier qu’elle réalise dans Flip de fille la rapprochera encore davantage de son objectif ultime: atteindre l’indépendance financière à 35 ans.

La pro des rénos ne rêve pas d’accumuler de l’argent pour se retirer des affaires. «Je vise, par ces réinvestissements constants, à vivre des revenus générés par mes actifs.» Autrement dit, elle veut de la liberté. «Je souhaite me consacrer à des projets qui ne sont pas nécessairement rentables, comme retourner aux études ou cultiver des légumes biologiques à Sainte-Anne-du-Lac, dans les Hautes-Laurentides, où je possède un chalet à l’énergie solaire», dit-elle.

Marie-Jeanne Rivard n’en est pas à son premier changement de cap. Car avant de chausser des bottes de construction, elle travaillait en sarrau blanc dans un laboratoire universitaire, tout en faisant une maîtrise en neuropsychiatrie. Jusqu’à ce qu’un événement bouscule son plan de carrière. Son directeur de recherche à la maîtrise, qui serait possiblement son directeur de thèse au doctorat, meurt subitement. «J’ai perdu mon mentor et, en même temps, ma motivation», confie-t-elle.

Bye-bye science, la jeune femme plonge à fond dans la rénovation.

Il s’agit pour elle d’un retour aux sources. La maison de ses parents, une ancienne banque de Lanoraie, dans Lanaudière, était un chantier perpétuel. Plutôt que de jouer aux princesses, les trois sœurs Rivard participaient aux travaux manuels.

Depuis qu’elle a quitté le nid familial, Marie-Jeanne Rivard a fait des rénos dans tous les appartements qu’elle a habités! «Je rénovais avec ma sœur, qui était ma colocataire, mais c’était les propriétaires qui en profitaient. Je me suis dit: pourquoi on ne le ferait pas pour nous?» raconte-t-elle.

En 2006, alors au début de la vingtaine, elle convainc sa sœur d’acheter un premier duplex. Elles y habiteront pendant trois ans, transformant petit à petit l’endroit en maison unifamiliale. À la vente de la maison, elles empocheront un profit de plus de 150 000 dollars.

Happée par la passion de la rénovation, elle y consacre de plus en plus de temps, tout en travaillant comme courtière hypothécaire — après avoir suivi une brève formation. En 2012, elle obtient sa licence d’entrepreneure générale.

Marie-Jeanne Rivard a aujourd’hui une vingtaine de «flips» sous son casque de chantier. Et des ventes. Car la jeune femme s’occupe elle-même de cet aspect du travail.

La clé pour réussir dans cet univers, selon la pro de la réno: foncer tête baissée dans chaque projet. «Si vous craignez l’endettement, ce milieu-là n’est pas pour vous, car on ne fait pas d’argent sans prendre de risques. Mes cartes de crédit sont toujours pleines», dit-elle.

Autre élément important: ne pas compter ses heures. «Je travaille sept jours sur sept, du lever au coucher du soleil. Avec mon chum, urbaniste de formation et partenaire d’affaires depuis deux ans, nous ne parlons que de ça», raconte l’entrepreneure.

Pour s’approcher de son objectif d’indépendance financière, Marie-Jeanne Rivard pilote son chantier le plus ambitieux à ce jour: la construction du Boxotel, un hôtel nouveau genre comprenant 20 microappartements de 35 m2, dans le Quartier des spectacles, à Montréal. Mobilier modulable, Internet haute vitesse, cuisinette, gym, terrasse sur le toit… Elle vise une clientèle à la recherche d’un pied-à-terre à Montréal ou d’un bel endroit pour de courts séjours. «Si ça marche, je vais répéter la formule», déclare-t-elle avec sa confiance inébranlable.

Changer de vie: devenir riche en «flippant» des maisons - L'actualité // // // // //

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