MICHEL CORBEIL
Le Soleil
Électricité: l'hiver glacial coûtera cher aux Québécois

(Québec) Un hiver de froid record vaudra aux familles qui se chauffent à l'électricité une hausse moyenne de 11 % de leur facture. Un nombre indéterminé de Québécois paieront bien davantage.

Hydro-Québec expédie depuis quelques semaines des avis pour prévenir ses clients qui ont adopté le «mode de versement égal» mensuel, répartissant le coût de l'électricité sur 12 mois, qu'une révision du montant à acquitter les attend. La société d'État mentionne que ceux qui verront leur facture grimper de plus de 15 % recevront une autre note.

La Régie de l'énergie a accordé deux hausses de tarifs annuelles successives, de 4,3 % et de 2,9 %. La vague de froidure au début de l'année a fait le reste pour pousser à la hausse le compte d'électricité qui est calculé en fonction de la consommation. Hydro rapporte que «le nombre de journées consécutives sous zéro a été exceptionnel, du jamais-vu depuis 1997», et dépasse les 50 jours.

Pour une maison unifamiliale typique chauffée à l'électricité, ce sera environ 100 $ qui s'ajouteront au paiement mensuel, estime la société d'État. Elle ne peut préciser l'impact moyen de la variation pour les PME «étant donné que le chauffage [à l'électricité] représente une part moins importante sur la facture».

Hydro-Québec se refuse à dévoiler ce que l'hiver glacial lui rapportera. Par contre, le gouvernement Couillard a invoqué ce facteur en révélant dans son budget qu'il s'attend à récolter 200 millions $ de plus en dividendes de la part d'Hydro, justement en raison de la température froide.

Pas moins de 40 % des abonnés résidentiels d'Hydro adhèrent au mode de paiement par versements égaux (MVE). Le cinquième de 1,5 million de clients auront un solde à liquider en fin d'année, nous renseigne l'entreprise d'État.

«C'est un sérieux problème», a commenté Jean-François Blain, analyste indépendant dans le secteur de l'énergie. «Il y a des gens qui auront une dette de plusieurs milliers de dollars à régler.»

La hausse de 11 % lui apparaît «une valeur conservatrice», valable pour «ceux qui ont une habitation moderne. Cela pourrait être de 20 %, 30 % ou pire pour certains vieux logements», affirme M. Blain. Selon lui, «40 % des locataires n'ont aucun contrôle sur la qualité des portes et fenêtres» et n'ont pas «accès aux programmes d'efficacité énergétique» même si ce sont eux qui ont à défrayer les coûts d'un logement mal isolé.

Le compte qui attend les Québécois ne surprend pas ceux qui défendent les citoyens. Début avril, l'Union des consommateurs dénonçait l'entrée en vigueur de la hausse de tarifs en faisant remarquer que c'était sans compter sur «l'effet température».

Chez Option Consommateurs, l'analyste Olivier Bourgeois signale que les dossiers de «débranchement» des clients par Hydro sont appelés aussi à augmenter. Historiquement, 80 % des abonnés qui se font couper l'électricité ne communiquent pas avec la société d'État lorsqu'ils héritent d'un solde.

«Peu de gens savent qu'ils peuvent prendre entente pour étaler dans le temps» le paiement. M. Bourgeois réclame qu'Hydro-Québec fasse la promotion de cette possibilité, en raison de la «vague de réajustements» en cours.

Selon Hydro-Québec, «près de 90 % acquittent leur facture avant ou à l'échéance. [...] L'interruption de service est toujours l'étape de dernier recours.» En 2011, Hydro a effectué 51 000 interruptions de service résidentiel. Le total a diminué en 2012 (41 000) et 2013 (38 000) pour culminer à 62 000 interruptions en 2014.

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