«Ils préfèrent voyager, ils préfèrent les bons restos.» Selon Jean Akkoyan, spécialiste hypothécaire, les jeunes ne sont pas pressés d’acheter une maison.
C’est maintenant relativement connu: les «jeunes» – aussi surnommés la «génération Y» ou les «milléniaux» – n’achètent pas de maisons au même rythme que leurs parents, les baby boomers.
Le phénomène fait couler beaucoup d’encre chez nos voisins du Sud. Le magazine Fortune expliquait, il y a quelques semaines, que le nombre de propriétaires de maisons et de condos était à son plus bas en 48 ans. Chez les jeunes d’aujourd’hui, ce n’est pas les fonds qui manquent, mais bien l’envie, le désir d’être proprio.
Ici, au Canada, les statistiques sont relativement similaires. Selon l’Ottawa Citizen, 50 % des jeunes au pays sont propriétaires. Et un grand pourcentage des 25-34 reste encore chez ses parents!
Le Globe & Mail a récemment consacré un article au sujet de la finance chez les jeunes. Constat? «Les ‘millennials’ ne font pas confiance aux conseillers financiers. Ils nous traitent comme on traite des vendeurs.»
Qu’est-ce qui a pu créer une aversion si rapide chez les jeunes? Pourquoi n’achètent-ils plus?
Les priorités ont changé
Selon M. Akkoyan, les jeunes d’aujourd’hui ont moins envie d’avoir des biens que leurs parents. Ils préfèreraient les expériences aux choses.
«Je note même une différence entre le comportement d’il y a 10 ans et d’aujourd’hui. Il y a quelques années, un premier acheteur qui était qualifié pour une hypothèque à 350 000 $ s’achetait une maison à 350 000 $, illustre M. Akkoyan. Aujourd’hui, un premier acheteur qui peut obtenir un prêt de 350 000 $ va dépenser 200 000 $. Ils veulent garder une partie de leur budget pour des voyages, pour des bons restos, pour sortir.»
La société n’est plus ce qu’elle était
Le coût des maisons a aussi changé. Si, entre 1990 et aujourd’hui, le salaire médian des jeunes couples à Ottawa était de 50 600 $, il est aujourd’hui de 84 820 $, une augmentation de 68 %. Mais le prix médian d’une maison à Ottawa est passé de 187 000 $ à 461 900 $, une augmentation de presque 150 %!
De plus, les 25-34 ans ont un taux de chômage très élevé et le salaire médian est en chute libre.
Il faut dire aussi que le taux de fertilité des femmes canadiennes est déficitaire depuis 1972. La nécessité d’avoir plusieurs chambres dans une maison a grandement diminué. Aussi, l’urbanisme a augmenté en flèche : en 1972, 36 % de la population canadienne vivait à la ville. Aujourd’hui, 46 % de la population est urbaine!
La pub des banques ne les rejoint pas
Autre piste de solution : la publicité ne rejoint plus les jeunes. Et les banques et autres services financiers n’y échappent pas. Les slogans des banques sont constamment ridiculisés, et les banquiers sont parmi les gens qui inspirent le moins confiance au Canada.
Selon M. Akkoyan, cette situation change, lentement, mais sûrement. «Les banques, en général, contrôlent leur image. Évidemment, si un employé dit quelque chose sur les médias sociaux qui est négatif, cette négativité se reflète sur l’employeur. Mais certaines banques donnent maintenant le droit à leurs employés de travailler sur les médias sociaux et de s’engager dans des discussions au nom de la banque. Peut-être que ce pas pourra aider à rétablir la confiance.»