Le radon. On entend parler de plus en plus de ce gaz radioactif nocif depuis...

(Québec) Le radon. On entend parler de plus en plus de ce gaz radioactif nocif depuis quelques années. Mais qui a peur du radon? Saviez-vous que c'est la deuxième cause de décès du cancer du poumon, après la cigarette? Un Canadien sur deux déménagerait s'il savait que ce gaz contamine l'air de sa demeure, selon un récent sondage de la Société canadienne du cancer. Pourtant, 96 % des gens n'ont jamais mesuré sa présence chez eux. Au Québec, une résidence sur 10 a une concentration dangereuse de ce gaz. Et vous, savez-vous s'il y en a dans votre maison?

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Des joints de tuyaux non étanches laissent le champ libre au radon, qui peut ensuite s'infiltrer sournoisement dans les maisons et rendre leurs habitants malades.

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Le radon peut s'infiltrer par un mur poreux ainsi que par des fissures.

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Q Qu'est-ce que le radon?

R Le radon est un gaz radioactif produit par la désintégration naturelle de l'uranium présent dans la croûte terrestre (sol, couches rocheuses, eau). C'est une menace - et un tueur - silencieuse, puisqu'il est incolore et inodore, le rendant indétectable par les sens. Il n'est pas dangereux à l'air libre, puisqu'il est alors dilué. Par contre, il peut s'infiltrer dans les maisons, principalement dans les sous-sols (surtout en hiver) et atteindre des concentrations inquiétantes.

Q À quel point le radon est-il nocif?

R Le radon est la première cause de cancer du poumon chez les non-fumeurs, note l'Association pulmonaire du Québec. Exposés à des concentrations élevées, ils ont une chance sur 20 de développer un cancer du poumon. Le risque grimpe à une chance sur trois pour un fumeur. Le radon est responsable de 16 % des décès liés au cancer du poumon. Tout comme il en va pour l'exposition à la fumée de cigarette, il n'y a pas de niveau de radon qui soit sans danger pour la santé. Une exposition de quatre heures par jour et plus est particulièrement problématique.

Q Des membres de ma famille toussent souvent depuis que nous avons emménagé. Est-ce un signe qu'il y a du radon dans ma maison?

R Non. Contrairement au tabagisme, l'exposition occasionnelle au radon ne provoque aucun symptôme comme la toux ou le mal de tête. Son seul effet connu est une augmentation du risque du cancer du poumon.

Q Comment savoir si ma maison contient du radon?

R La seule façon est de faire un test. Il existe des tests à court (deux à sept jours) et long terme (1 à 12 mois) qui vous permettront de connaître la concentration de radon de votre maison. Vous pouvez acheter un test vous-même, dans les quincailleries ou auprès de CAA-Québec ou de l'Association pulmonaire par exemple, ou encore faire affaire avec un professionnel. Santé Canada recommande une période de mesure dans une maison d'au moins trois mois, de préférence entre septembre et avril lorsque les portes et les fenêtres sont généralement fermées. Les tests maison à l'aide d'un dosimètre sont peu dispendieux (environ 40 $) et comprennent les frais d'analyse.

Q Qui devrait faire ce test?

R Tous les propriétaires auraient avantage à le faire. Il devient d'autant plus important de vérifier la concentration de radon si vous avez des chambres au sous-sol, des salles de jeu, un bureau.

Q À partir de quelle concentration la présence du radon devient-elle préoccupante et exige-t-elle des correctifs?

R Le gouvernement canadien suggère de prendre des mesures lorsque la concentration est supérieure à 200 becquerels par mètre cube (200 Bq/m³). Le becquerel est l'unité de mesure de la radioactivité. Toutefois, depuis quelques années, l'Organisation mondiale de la santé recommande plutôt que cette ligne directrice soit de 100 Bq/m³.

Q J'ai une maison neuve. Est-ce que je dois craindre le radon quand même?

R L'âge de la maison n'est pas un indicatif fiable des teneurs en radon.

Q Par où s'infiltre le radon dans la maison?

R Par les fissures dans les murs des fondations et les dalles de plancher, les joints de construction, les espaces autour des tuyaux d'alimentation de service, les montants de soutien, les cadres de fenêtre, les drains de sous-sols, les puisards et les cavités à l'intérieur des murs, les sols en terre battue.

Q Combien coûteront les travaux pour effectuer les correctifs?

R Il vous en coûtera entre 200 $ et 3000 $, selon le type de problèmes. Par exemple, il se peut qu'il suffise de colmater des fissures dans la fondation, ce que le propriétaire peut même faire lui-même. Dans d'autres cas, il faut installer un système de dépressurisation du sol. C'est la méthode la plus efficace et la plus courante. Elle consiste à installer, dans le plancher du sous-sol, un tuyau muni d'un ventilateur, qui aspirera le radon présent sous la maison avant qu'il s'y infiltre et qui l'expulsera à l'extérieur. L'installation requiert alors les services d'un professionnel. CAA-Québec peut vous fournir le nom de professionnels spécialisés dans ce type de travaux. Aucun programme de subvention lié au radon n'existe en ce moment.

Q Mon voisin a fait un test récemment et tout était conforme. Ai-je besoin d'en faire un moi aussi?

R Deux maisons semblables et situées à proximité l'une de l'autre peuvent présenter des teneurs tout à fait différentes. Seule une mesure dans votre propre maison pourra vous donner l'heure juste.

Q Y a-t-il des régions plus touchées? Si oui, lesquelles?

R Aucune maison n'est à l'abri sur le territoire canadien. Toutefois, certaines régions sont plus affectées, comme les Basses-Laurentides (Oka, Saint-Joseph-du-Lac et Saint-André-d'Argenteuil), le secteur de Mont-Saint-Hilaire et la région de Mont-Laurier. Dans la région de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, 25 % des maisons auraient une concentration supérieure à 200 Bq/m3, alors que la moyenne est de 10 %. La région de la Capitale-Nationale serait un peu sous la moyenne (8,8 %) alors que la Chaudière-Appalaches se trouve au-dessus (13,1 %).

Q La présence de radon en concentration supérieure à 200 Bq/m3 est-elle considérée comme un vice caché?

R «La problématique du radon étant assez récente, il n'y a pas encore assez de cas dans la jurisprudence pour statuer de façon claire s'il s'agit d'un vice caché ou non», fait valoir CAA-Québec. Il existe quatre critères pour savoir si on a affaire à un vice caché. Il doit être grave, non apparent, inconnu de l'acheteur et existant lors de la vente. Le radon peut donc être considéré comme un vice caché si ces quatre critères sont respectés, et ce, même si le vendeur est de bonne foi et n'est pas au courant du problème. Selon un avis juridique demandé par l'organisme, il est toutefois clair que c'est un vice caché si le vendeur connaît la problématique mais qu'il choisit de ne pas la déclarer. La présence de radon devrait être mentionnée, même si des travaux d'atténuation ont été faits pour corriger la situation. Il faut aussi voir si un acheteur qui n'aurait pas fait un test de détection pourrait être considéré comme n'ayant pas été prudent et diligent.

Q Avant d'acheter une maison, dois-je faire un test?

R L'acheteur peut faire une offre d'achat conditionnelle à la réalisation (à ses frais) de tests de mesure. Si les valeurs obtenues sont trop élevées, l'offre tombe tout simplement. L'acheteur pourrait aussi négocier le prix de la maison à la baisse. L'organisme CAA-Québec recommande à tout acheteur d'inclure dans les conditions d'achat un test de radon, au même titre qu'une inspection préachat.

Sources: CAA-Québec, Société canadienne du cancer, SCHL, Santé Canada, Association pulmonaire du Québec

 

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